Erdogan défie les puissances étrangères en Syrie et exige la fin de leur intervention

La Turquie tente de se positionner comme l'acteur étranger le plus pertinent en Syrie après la chute du régime de Bachar Al-Assad. C'est pourquoi le président turc Recep Tayyip Erdogan a exhorté tous les pays à « ne pas toucher à la Syrie ».
Le dirigeant turc s'est notamment adressé directement à Israël, exigeant qu'il mette fin à ses « actions agressives ». « Sinon, il y aura des conséquences négatives qui affecteront tout le monde », a averti Erdogan lors d'une réunion de son parti politique, le Parti de la justice et du développement (AKP).
Après la chute d'Al-Assad, et compte tenu des menaces posées par les groupes djihadistes en Syrie, Israël a décidé d'établir une zone de sécurité à l'intérieur du territoire syrien afin d'empêcher les forces loyales au nouveau régime de lancer des attaques en direction du plateau du Golan.
En outre, Israël prévoit d'établir une « zone d'influence » de 60 kilomètres à l'intérieur de la Syrie afin de permettre aux services de renseignement de surveiller et d'atténuer les menaces émergentes dans la région.
Israël a également détruit les capacités militaires de l'ancienne armée syrienne, ainsi que les stocks d'armes et les usines d'armes chimiques, afin d'éviter qu'ils ne tombent entre les mains de groupes extrémistes.
Peu après les propos de Erdogan, le ministère israélien des Affaires étrangères a publié une déclaration rejetant « totalement » les propos du président turc. « L'acteur impérialiste agressif en Syrie (ainsi que dans le nord de Chypre, en Libye et dans d'autres régions du Moyen-Orient) est la Turquie elle-même, et il est conseillé au président turc d'éviter les menaces inutiles », indique le communiqué, soulignant que « l'État d'Israël continuera d'agir pour protéger ses frontières de toute menace ».

Avec ses dernières déclarations, outre Israël, Erdogan s'adresse également aux États-Unis, à la France et à d'autres pays qui font partie de la Coalition mondiale pour vaincre Daesh.
À cet égard, Ankara a fermement rejeté une proposition visant à déployer des troupes françaises le long de la frontière syrienne pour établir une zone de sécurité destinée à apaiser les tensions avec les Forces démocratiques syriennes (FDS), une milice kurde soutenue par les États-Unis que la Turquie considère comme une organisation terroriste.
« Certains petits pays européens impliqués dans des opérations militaires en Syrie sous l'égide des États-Unis tentent de promouvoir leurs propres intérêts en parlant de certaines questions, mais cela n'apporte aucun bénéfice réel à eux-mêmes ou à la région », a récemment déclaré le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, lors d'une conférence de presse à Istanbul. « Nous ne nous engageons pas avec des pays qui essaient de se cacher derrière la puissance américaine tout en promouvant leurs propres agendas », a-t-il ajouté en faisant référence à la France.

Bien que le gouvernement français n'ait pas proposé publiquement de protéger la frontière entre la Turquie et la Syrie, le président français Emmanuel Macron a assuré qu'il n'abandonnerait pas les FDS, l'une des nombreuses factions impliquées dans la guerre civile en Syrie.
Les FDS ont également joué un rôle clé dans la lutte contre Daesh. Actuellement, les milices kurdes jouent un rôle essentiel dans le contrôle des camps de prisonniers où sont détenus les militants islamistes.
À cet égard, Erdogan a fait remarquer que les « excuses fabriquées » concernant la lutte contre le groupe terroriste « n'ont plus rien de convaincant ». « Si la menace de Daesh en Syrie et dans la région suscite réellement des craintes, la plus grande puissance qui a la volonté et le pouvoir de résoudre ce problème est la Turquie », a-t-il déclaré.

Le dirigeant turc a souligné que son pays, avec ses « frères syriens », vaincrait les chefs de Daesh, les YPG et « d'autres organisations terroristes dans un court laps de temps ».
Ankara a insisté pour que la nouvelle administration syrienne ait une chance de régler la question de la présence des YPG, mais a également menacé de lancer une nouvelle opération transfrontalière contre la milice si ses demandes n'étaient pas satisfaites. S'adressant au parlement turc, Erdogan a déclaré que les YPG « constituaient le plus grand problème actuel en Syrie », ajoutant que le groupe « ne pourrait pas échapper à sa fin inévitable s'il ne déposait pas les armes ».