Le Conseil d'État libyen permet la tenue d'élections

Le Haut Conseil d'État libyen a approuvé vendredi, après des mois de blocage, l'amendement de l'article 13 de la base constitutionnelle - une sorte de constitution intérimaire - qui permet de convoquer les élections présidentielle et législatives suspendues sine die depuis fin 2021.
Ce projet constitutionnel, approuvé un mois plus tôt par le Parlement basé à Tobrouk et publié unilatéralement au journal officiel de l'État, fixe les critères d'éligibilité des futurs candidats à la présidence, les prérogatives du président et du Premier ministre, ainsi que celles du pouvoir législatif.
Le Haut Conseil, qui fonctionne comme un Sénat et qui siège à Tripoli, avait reporté à trois reprises la session d'examen de cet amendement. Cependant, il n'a toujours pas fixé de calendrier précis pour la tenue des élections.
Face à cette impasse, l'envoyé de l'ONU pour la Libye (UNSMIL), Abdoulaye Bathily, a lancé lundi devant le Conseil de sécurité une initiative visant à reprendre la préparation des élections par le biais d'un groupe de haut niveau de 40 personnalités - dont des personnalités politiques, des institutions et des chefs tribaux - afin d'adopter un cadre constitutionnel et une feuille de route.
Cette proposition a été qualifiée par le président du Haut Conseil d'État, Khaled El Michri, de "dangereuse" et d'"atteinte à la souveraineté nationale", tandis que le parlement a accusé l'UNSMIL de partialité, considérant que la chambre est la seule instance légitime pour prendre cette décision.
Face à la rivalité entre ces deux institutions, Bathily cherche une troisième voie pour sortir de l'impasse tout en impliquant des leaders extérieurs à ceux qui sont en position de pouvoir, comme l'a fait sa prédécesseure, l'Américaine Stéphanie Williams, en 2020. "La classe politique continue de faire face à une crise majeure de légitimité et la plupart des institutions étatiques ont perdu leur autorité aux yeux des Libyens il y a des années", déplore-t-il.
Deux exécutifs en guerre se partagent le pouvoir dans le pays, Fathi Bashaga, nommé il y a un an par le Parlement de l'Est et basé à Syrte, et Abdulhamid Dbeibah, basé à Tripoli et dont le mandat transitoire devait accompagner le processus électoral.