Marruecos acusa al ‘deep state’ francés de estar detrás de la resolución del Parlamento Europeo

La résolution adoptée par le Parlement européen contre le Maroc en janvier dernier continue de tendre les relations entre Rabat et certains États membres de l'UE. Après une forte condamnation par les autorités marocaines et l'annonce par le Parlement marocain qu'il allait reconsidérer ses relations avec son homologue européen, Rabat accuse désormais la France d'être à l'origine de la résolution adoptée par le Parlement européen avec 356 voix pour, 32 contre - dont les socialistes espagnols - et 42 abstentions.
Lahcen Haddad, président de la Commission parlementaire mixte UE-Maroc, pointe notamment du doigt "une partie de l'État profond français". "Je pense qu'une partie de l'État profond en France est ennuyée par les réalisations sécuritaires et diplomatiques du Maroc", a déclaré Haddad lors d'un forum organisé par l'agence de presse marocaine MAP.

Le président de la Commission parlementaire mixte Maroc-UE a regretté qu'"un proche de la présidence française soit l'un des architectes de la résolution", en référence à Stéphane Séjourné, chef de file des libéraux européens. Haddad s'est dit "surpris", car Renouveau Europe - le groupe politique européen dirigé par Séjourné - est un groupe "modéré et pro-marocain" et la France est l'un des principaux partenaires du Maroc, les deux pays partageant des "intérêts communs".
"J'espère que l'État français est conscient de la gravité de ce qui s'est passé", a averti Haddad, qui a également souligné "un manque de responsabilité" de la part des pays qui "conspirent contre le Maroc". "Cela entraînera des conséquences désastreuses", a-t-il ajouté. Selon Haddad, 420 tentatives d'adoption d'amendements "anti-marocains" ont été enregistrées depuis 2016, ainsi que quatre tentatives de faire passer des résolutions contre le Royaume.
Les déclarations du président de la Commission parlementaire mixte Maroc-UE concernant la France et son rôle dans la résolution du Parlement européen interviennent dans un contexte où Paris tente de se rapprocher d'Alger après des années de désaccords. Preuve de ce rapprochement, le récent voyage à Paris du chef d'état-major de l'armée algérienne, le général Said Chanegriha. Cette visite était la première d'un général algérien de haut rang depuis l'indépendance, comme le rappelle AP. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune lui-même devrait se rendre à Paris dans le courant de l'année.
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قرار البرلمان الأوروبي تجاه المغرب .. رئيس اللجنة البرلمانية المشتركة المغرب – الاتحاد الأوروبي يبدي استغرابه من التحول المفاجئ في موقف بعض البرلمانيين الفرنسيينhttps://t.co/V4xNStpgpZ pic.twitter.com/zewbo4whPJ
Lors du forum MAP, l'ancien ministre marocain du Tourisme a réaffirmé que la résolution du Parlement européen est "une ingérence flagrante dans les affaires judiciaires et le Maroc". "Cette décision dénote une volonté néocoloniale renouvelée qui méprise les pays du Sud et leur capacité à défendre les droits de l'homme", a-t-il déclaré.
Toutefois, Haddad a assuré que le Maroc maintiendra ses liens et son partenariat avec l'UE et ses institutions, soulignant que le problème est apparu "avec des députés européens qui ont toujours mené des actions hostiles au Maroc". Dans ce sens, Haddad a souligné que les critiques de Rabat qui ont promu et approuvé la résolution sont les mêmes qui ont inclus le Maroc dans le "Qatargate" "malgré l'absence de preuves".
القرار الأخير للبرلمان الأوروبي اتجاه المغرب ينم عن نزعة نيوكولونيالية متجددة تحتقر دول الجنوب (لحسن حداد)https://t.co/LXpAE4PRbf
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La résolution du PE dénote une velléité néocoloniale méprisante envers les pays du Sud (M. Haddad)https://t.co/MMSBfcdZiw pic.twitter.com/VogillJs9t
Il a également associé ce groupe d'eurodéputés à l'Algérie qui, depuis l'invasion russe de l'Ukraine, s'est imposée comme un nouveau partenaire énergétique du continent. Des pays comme l'Italie et la France ont renforcé leurs relations avec l'Algérie ces derniers mois en vue de conclure des accords gaziers. Haddah souligne que cette situation a entraîné l'abstention chez certains et la "peur" chez d'autres.
L'ancien ministre a toutefois fait l'éloge des députés espagnols qui, selon lui, "ont fait preuve de courage et de vision pour l'avenir". "Ils ne voulaient pas sacrifier le partenariat fort et stratégique entre le Maroc et l'Espagne", a-t-il expliqué.
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Le Roi Felipe VI d’Espagne a souligné, mercredi à Madrid, que la prochaine Réunion de Haut Niveau entre le Maroc et l’Espagne permettra d'approfondir "les vastes relations bilatérales".https://t.co/63CKPySSxA pic.twitter.com/KWdkxA7tOc
Suite à la résolution, Haddad a envoyé une lettre aux députés européens, leur rappelant que l'affaire abordée dans la résolution "est toujours en cours de jugement" et qu'elle "interfère" donc avec le processus judiciaire. Les eurodéputés ont condamné la situation des droits de l'homme et de la liberté de la presse au Maroc, en évoquant le cas du journaliste Omar Radi. La résolution exhorte les autorités marocaines à organiser "un procès équitable avec toutes les garanties" pour Radi, qui a été condamné en 2021 pour espionnage et agression sexuelle.
Draft resolution on "situation of journalists in #Morocco, in particular Omar Radi" tabled to be discussed at @EUparliament plenary refers to a case still in trial before an independent judiciary of a partner country and thereby interferes in an ongoing judicial process @Left_EU pic.twitter.com/rPfbj7tqBi
— Lahcen Haddad, PhD (@Lahcenhaddad) January 18, 2023
Haddad a souligné que Radi est détenu "dans le cadre du droit commun après avoir été accusé de viol", alors que plusieurs partis européens "ont tenté de faire croire, au nom des droits de l'homme", que le journaliste est en prison "de manière injuste et arbitraire pour ses opinions". "Comme pour tout autre procès observé par les ONG de défense des droits de l'homme, les conditions étaient équitables", a-t-il déclaré.