L'Espagne reçoit le soutien des pays arabes et de la Turquie après la reconnaissance de la Palestine

Les ministres des Affaires étrangères des pays arabes et de la Turquie se sont rendus à Madrid pour discuter de cette décision, qu'ils qualifient de « correcte » et d'« historique » 
Varios ministros de Exteriores de países árabes y Turquía han visitado Madrid para agradecer al Gobierno español su postura - Foto de Pierre-Philippe MARCOU/AFP
Plusieurs ministres des Affaires étrangères de pays arabes et de Turquie se sont rendus à Madrid pour remercier le gouvernement espagnol de sa position - Photo Pierre-Philippe MARCOU / AFP
  1. Tension diplomatique avec Israël 

Le Moyen-Orient réagit à la reconnaissance de la Palestine par l'Espagne. Au lendemain de cette décision, prise conjointement avec la Norvège et l'Irlande, plusieurs ministres des Affaires étrangères des pays arabes et de la Turquie se sont rendus à Madrid pour remercier le gouvernement espagnol de sa position. 

Le Président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, et le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, ont reçu à la Moncloa des représentants du Groupe de contact pour Gaza, composé du Premier ministre palestinien, Mohammad Mustafa, des ministres des Affaires étrangères du Qatar, de la Jordanie, de l'Arabie saoudite et de la Turquie, ainsi que d'un représentant de l'Organisation de la Coopération Islamique (OCI). Le chef de la diplomatie égyptienne, Samé Shukri, devrait se rendre à Madrid lundi prochain, n'ayant pu participer à cette réunion. 

Tous ont remercié l'Espagne pour cette décision qu'ils ont qualifiée de « correcte », « courageuse » et « historique ». Ils ont également réitéré leur engagement à continuer à travailler ensemble pour mettre fin à la guerre à Gaza et pour continuer à progresser dans le développement de l'État palestinien.  

Le Premier ministre palestinien, Mohammad Mustafa, a remercié le gouvernement espagnol au nom de l'Autorité palestinienne et du peuple palestinien, tandis que le ministre jordanien des affaires étrangères, Ayman Safadi, a exhorté d'autres pays européens à suivre l'exemple de l'Espagne, de la Norvège et de l'Irlande. 

En comptant l'Espagne et l'Irlande, ce sont désormais neuf membres de l'Union européenne qui reconnaissent officiellement un État palestinien. La Norvège, bien qu'elle ne fasse pas partie des 27 États membres de l'UE, a tendance à aligner sa politique étrangère sur celle de Bruxelles. 

La Slovénie, membre de l'UE, pourrait rejoindre la décision de ces trois pays, puisqu'elle se prononcera cette semaine sur la reconnaissance d'un État palestinien et transmettra sa décision au parlement pour approbation finale.  

Au niveau international, plus de 140 pays reconnaissent un État palestinien, ce qui représente plus des deux tiers des Nations unies. 

Safadi, qui considère la décision de Madrid comme « correcte », a également souligné « l'engagement de l'Espagne à respecter le droit international et à assurer un avenir pacifique au Moyen-Orient », selon la RTVE.  

Pour sa part, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a remercié l'Espagne d'avoir « donné de l'espoir dans un moment très sombre », « d'avoir pris la bonne décision au bon moment » et « d'avoir été du bon côté de l'histoire et de la justice ». Le chef de la diplomatie saoudienne a souligné que le chemin de la paix « passe par la solution des deux États »

AFP/PEDRO PARDO - El Ministro de Relaciones Exteriores de Arabia Saudita, el Príncipe Faisal bin Farhan Al-Saud, asiste a una reunión con el Ministro de Relaciones Exteriores de China, Wang Yi, y los ministros de Relaciones Exteriores de naciones árabes y de mayoría musulmana en la Casa de Huéspedes Estatal Diaoyutai en Beijing el 20 de noviembre 2023
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan Al-Saud - AFP/PEDRO PARDO 

Pour Riyad, la création d'un Etat palestinien est la condition principale à la reconnaissance d'Israël et à l'établissement de relations diplomatiques, une étape qui marquerait un tournant dans la région. En effet, l'un des objectifs du Hamas en lançant l'attaque du 7 octobre était précisément de contrecarrer cet accord de paix sur lequel les États-Unis travaillent depuis des années.   

Le Hamas est l'un des nombreux mandataires utilisés par la République islamique d'Iran au Moyen-Orient pour étendre son influence et défendre ses intérêts. Une alliance israélo-arabe étant considérée comme une menace par Téhéran, le régime iranien a toujours tenté d'empêcher tout rapprochement en faveur de la paix, s'opposant également aux accords d'Abraham. 

Tension diplomatique avec Israël 

La décision de l'Espagne a reçu le soutien total du monde arabo-musulman, bien que cette reconnaissance ait également provoqué une crise diplomatique entre Madrid et Jérusalem. Israël considère la reconnaissance de la Palestine en ce moment - en pleine guerre et après l'attentat du 7 octobre - comme une récompense pour le Hamas, qui retient toujours en otage plus de 100 Israéliens, dont des femmes, des personnes âgées et deux enfants.  

À cette décision s'ajoutent les propos controversés de la vice-présidente Yolanda Díaz, qui a assuré que la Palestine serait libre « du fleuve à la mer », c'est-à-dire du Jourdain à la Méditerranée. Ce slogan, souvent utilisé par le Hamas ou même les autorités iraniennes, est considéré comme antisémite, car il prône la destruction de l'Etat d'Israël

Suite à la décision de reconnaître la Palestine à ce moment précis et à ces commentaires, Israël a rappelé son ambassadeur à Madrid et a interdit au consulat espagnol à Jérusalem de servir les Palestiniens.