Depuis le début de la guerre en Ukraine, Moscou et Pékin ont intensifié leurs liens bilatéraux dans des domaines tels que l'énergie, l'économie et le commerce. Les deux pays maintiennent également une position similaire sur le conflit entre Israël et le Hamas

Poutine fait l'éloge de l'initiative chinoise "la Ceinture et la Route" avant sa visite à Xi Jinping

Parker Song / POOL / AFP - El presidente de Rusia, Vladimir Putin (4.o por la derecha), llega al Aeropuerto Internacional Capital de Beijing
Parker Song / POOL / AFP - Le président russe Vladimir Poutine arrive à l'aéroport international de Pékin

Pour la première fois depuis le début de la guerre en Ukraine, le président russe Vladimir Poutine s'est rendu en Chine pour renforcer les relations bilatérales. Au cours de sa visite, il devrait rencontrer son homologue chinois, Xi Jinping, que Poutine qualifie de "cher ami", ainsi que d'autres hauts fonctionnaires chinois.

Poutine participera également en tant qu'"invité principal" au troisième Forum de la Ceinture et de la Route à Pékin, un événement de coopération internationale promu par le dirigeant chinois pour étendre son influence à l'échelle mondiale le long des routes terrestres et maritimes.

Le dirigeant russe a fait l'éloge de l'initiative "la Ceinture et la Route", affirmant que bien que de nombreuses personnes la considèrent comme une tentative de la Chine d'imposer son contrôle, il s'agit d'un outil de "coopération".

"Le principal avantage du concept de coopération proposé par la Chine est que, dans le cadre de la coopération, personne n'impose quoi que ce soit aux autres", a déclaré Poutine aux médias chinois avant son voyage, comme le rapporte Reuters. "C'est la différence entre l'initiative Belt and Road du président Xi Jinping et d'autres projets menés par des pays aux accents colonialistes", a-t-il ajouté.

La Russie et la Chine ont toutes deux plaidé en faveur de l'établissement d'un nouvel ordre international qui ne soit pas dominé par les États-Unis et leurs alliés occidentaux. Les deux pays entretiennent des relations compliquées avec l'Occident et partagent des points de vue différents sur un certain nombre de questions internationales. En ce qui concerne l'Ukraine, par exemple, la Chine n'a pas condamné l'invasion russe, mais a continué à développer ses liens avec Moscou malgré les critiques occidentales.

À cet égard, il convient de noter que depuis le début du conflit, la Russie a consolidé ses liens énergétiques avec la Chine, exportant environ 2 millions de barils de pétrole par jour vers la Chine, selon les chiffres de Reuters. Les deux pays ont également intensifié leur partenariat économique et commercial, critiquant les sanctions internationales contre Moscou. 

La Russie et la Chine critiquent Israël, tandis que les États-Unis défendent son droit à se défendre 

Aujourd'hui, avec la guerre entre Israël et le Hamas, la Chine et la Russie ont exprimé des points de vue similaires, contrairement à l'opinion des États-Unis et de l'Union européenne. Pékin et Moscou ont critiqué les actions d'Israël dans la bande de Gaza et appelé à un cessez-le-feu, tandis que les États-Unis défendent le droit d'Israël à se défendre contre le terrorisme.

Comme le rapporte CNN, Moscou devrait soumettre au Conseil de sécurité des Nations unies une résolution appelant à un cessez-le-feu sans nommer le Hamas. Par ailleurs, le représentant russe à l'ONU a comparé les frappes aériennes israéliennes contre l'enclave palestinienne contrôlée par le Hamas au siège brutal de Leningrad pendant la Seconde Guerre mondiale.  

La Chine, qui entretient des liens étroits avec l'Iran, a exprimé un point de vue similaire. Pékin a appelé au dialogue et condamné "tous les actes qui portent atteinte aux civils". À cet égard, comme le rapporte l'AFP, l'envoyé spécial de la Chine pour le Moyen-Orient, Zhai Jun, se rendra dans la région cette semaine afin de promouvoir un cessez-le-feu et des pourparlers de paix. Pékin cherche de plus en plus à étendre son influence dans la région par la diplomatie, après avoir conclu un accord entre l'Iran et l'Arabie saoudite en mars.

Toutefois, les déclarations du gouvernement chinois n'ont pas condamné les actes terroristes du Hamas et n'ont pas mentionné le groupe palestinien. Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a également déclaré que les actions d'Israël avaient "dépassé le cadre de l'autodéfense".

En revanche, le président américain Joe Biden se rendra en Israël demain, mercredi, pour réaffirmer le soutien et la solidarité des États-Unis avec le pays. Il réaffirmera qu'"Israël a le droit, et même le devoir, de se défendre contre le Hamas et d'autres terroristes", comme l'a déclaré le secrétaire d'État Antony Blinken. 

Poutine rencontre Viktor Orbán  

Avant de rencontrer Xi, Poutine s'est entretenu à Pékin avec le président hongrois Viktor Orbán, l'un des invités du forum chinois. Orbán a maintenu des relations stratégiques avec Moscou malgré la guerre et les critiques d'autres pays européens. La Hongrie tire la majeure partie de son pétrole et de son gaz de la Russie et n'a donc pas soutenu les nombreuses initiatives anti-Moscou lancées par Bruxelles.

À propos de cette rencontre, Poutine a déclaré que la Russie était "satisfaite" que "les liens avec de nombreux pays européens soient maintenus et développés", en mettant l'accent sur la Hongrie à cet égard, comme l'ont rapporté les médias russes. 

La dernière visite du président russe en Chine remonte aux Jeux olympiques d'hiver de Pékin en février 2022, peu avant le début de l'invasion de l'Ukraine. Lors de cette visite, Pékin et Moscou ont annoncé un partenariat "sans limites". De son côté, Xi s'est rendu en Russie en mars dernier.

Poutine a peu voyagé en dehors de la Russie depuis que la Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d'arrêt à son encontre, l'accusant d'avoir déporté illégalement des enfants ukrainiens vers la Russie. Avant la Chine, le président russe s'est rendu au Kirghizstan au début du mois. Toutefois, ni l'ancienne république soviétique ni le géant asiatique ne sont membres de la CPI et n'ont donc pas l'obligation d'arrêter Poutine.

Les 123 autres États membres de l'organe chargé des crimes de guerre sont tenus d'arrêter Poutine s'il pénètre sur leur territoire et de le transférer à La Haye pour qu'il y soit jugé.