L'autre ennemi mortel de Gaza dont on ne parle presque jamais : la soif

Le manque alarmant d'eau potable dans la bande de Gaza constitue une crise humanitaire aussi dangereuse que le manque d'accès à la nourriture. Des milliers de Palestiniens affrontent la chaleur torride et les dangers de la guerre pour ramener à leurs familles un peu d'eau, qui est souvent salée ou contaminée.
Moaz Mukhaimar, un jeune homme de 23 ans, marche chaque jour un kilomètre et fait la queue pendant deux heures pour chercher de l'eau, répétant cette opération jusqu'à trois fois par jour pour approvisionner une petite zone où vivent 20 réfugiés.
Dans cette guerre, plus de 80 % des infrastructures de distribution d'eau ont été détruites par les raids israéliens. Le porte-parole de la municipalité de Gaza, Asem Al-Nabih, a affirmé que le réseau qui achemine l'eau depuis Mekorot est hors service depuis deux semaines.
Les points d'accès à l'eau potable, tels que les puits, ont été détruits ou contaminés par des eaux usées. Et ceux qui sont peut-être encore intacts se trouvent dans des zones de combat dangereuses, à proximité d'installations israéliennes ou dans des zones qui ont été évacuées.
Quelques-uns sont accessibles, mais il faut de l'électricité pour pomper l'eau, une source d'énergie qui a été complètement coupée par Israël pendant sa campagne militaire. Et les générateurs sont déjà utilisés pour alimenter les hôpitaux.
En théorie, les canalisations israéliennes qui alimentent la bande de Gaza en eau, qui avaient été coupées pendant la guerre, ont été rétablies. Mais les responsables de l'approvisionnement en eau ont affirmé qu'aucune goutte n'était arrivée.
Al-Nabih a alerté que plus de 75 % des puits centraux ont été détruits, tout comme 85 % des infrastructures publiques. Les rues et les réseaux d'égouts ont subi des dégâts si importants que des millions de tonnes de déchets se sont accumulés dans la bande de Gaza.
Et comme dans les points de distribution de nourriture, selon la défense civile de Gaza, huit personnes sont mortes le 13 juillet lors d'une attaque israélienne alors qu'elles attendaient de recevoir de l'eau potable dans le camp de réfugiés de Nuiserat.
La pénurie d'eau est si alarmante que les Palestiniens sont contraints de consommer de l'eau contaminée ou l'eau salée de l'aquifère souterrain de Gaza, qui est trop salée pour être potable.
Mohamed Deeb, un déplacé de l'ouest de Gaza, a déclaré : « Nous savons qu'elle est contaminée, mais que pouvons-nous faire ? La soif affecte mes enfants et même les adultes ».
Une station de dessalement a repris ses activités la semaine dernière, contrairement aux autres, qui restent à l'arrêt. Et les Émirats arabes unis ont lancé un projet de construction d'un aqueduc qui alimentera 600 000 personnes dans la bande de Gaza en eau potable à partir d'une usine de dessalement située en Égypte, jusqu'à la zone d'Al-Mawasi.
Mais malgré ces efforts, ils n'atteignent même pas le minimum nécessaire pour la santé. Selon l'agence d'aide Oxfam, les Palestiniens consomment au maximum 5 litres par jour, soit un tiers des 15 litres recommandés par les Nations unies.
Et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) alertait déjà depuis juin sur le manque d'approvisionnement en eau. « Si le carburant n'arrive pas, les enfants commenceront bientôt à mourir de soif », a condamné le porte-parole de l'UNICEF, James Elder.
« Gaza est confrontée à une sécheresse provoquée. Les systèmes d'approvisionnement en eau sont en train de s'effondrer. Comme elle est provoquée, elle peut être arrêtée. Il n'y a pas de problèmes logistiques ou techniques. C'est un problème politique et s'il y a une volonté, il peut être résolu du jour au lendemain », a déclaré Elder à l'époque.
En effet, le manque d'eau potable favorise les épidémies d'hépatite A et B. La crise de l'eau aggrave donc la crise sanitaire en termes d'épidémies.
Comme l'a déclaré la porte-parole de l'UNICEF, Rosalia Poulin, ni la nourriture ni l'eau ne doivent être politisées. Ce sont des éléments essentiels à la survie humaine et ils sont aujourd'hui plus nécessaires que jamais dans la bande de Gaza.