Le président iranien a qualifié son voyage de "tournant". Cette visite coïncide avec le rapprochement entre la Syrie et les pays arabes voisins, ainsi qu'avec la normalisation des relations entre Téhéran et Riyad

Raisi termine sa visite en Syrie par une rencontre avec les milices palestiniennes

Ebrahim Raisi - PHOTO/FILE
AFP/ ATTA KENARE - Président de la République islamique d'Iran, Ebrahim Raisi

Le voyage en Syrie du président de la République islamique d'Iran, Ebrahim Raisi, coïncide avec d'importants changements qui modifient le paysage politique au Moyen-Orient. Cette visite, la première d'un dirigeant iranien depuis le début de la guerre en 2011, intervient à un moment clé du rapprochement entre Damas et les pays arabes voisins. Raisi est arrivé en Syrie quelques semaines après que l'Iran et l'Arabie saoudite ont annoncé le rétablissement de leurs relations grâce à la médiation de la Chine, un nouvel acteur qui fait une entrée remarquée au Moyen-Orient et aspire à jouer un rôle important dans l'avenir de la région.  

Au cours de ce voyage, qualifié de "tournant" par Raisi, les deux pays ont signé 15 accords de coopération visant à ouvrir un nouveau chapitre dans les relations économiques bilatérales. À cet égard, le président iranien a participé à un forum d'affaires à Damas, où il a annoncé sa volonté d'élargir les liens économiques et la coopération dans tous les domaines.

Téhéran et Damas espèrent renforcer leurs liens commerciaux de la même manière qu'ils ont développé leur partenariat politique ces dernières années. L'Iran, tout comme la Russie, a été un allié clé du président syrien Bachar el-Assad pendant la guerre civile. Téhéran a aidé Damas à reconquérir les territoires saisis par les rebelles et, de la même manière, a apporté un soutien politique et économique à une Syrie isolée et soumise à des sanctions internationales.  

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Raisi, qui s'exprimait lors du forum économique organisé dans la capitale syrienne, a fait référence aux sanctions imposées par l'Occident. "L'Iran a transformé les sanctions en opportunités, ce que la Syrie peut également faire", a déclaré Raisi, cité par le média libanais Al Mayadeen.

En plus d'avoir aidé la Syrie pendant la guerre, l'Iran espère participer au processus de reconstruction du pays afin de maintenir son influence vis-à-vis des pays arabes de la région qui commencent à prendre des mesures pour normaliser les relations avec Damas. Cependant, les aspirations de Téhéran risquent d'entrer en conflit avec les plans arabes. En effet, lors de la récente réunion sur le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe, les membres de l'organisation ont appelé à ce que toutes les forces étrangères quittent le pays. L'Iran, comme la Russie, a envoyé des forces militaires en Syrie pour soutenir Al-Assad, ainsi que pour soutenir les milices palestiniennes - telles que le Jihad islamique - contre Israël. 

Raisi fait l'éloge de la "résistance" palestinienne 

En fait, pendant son séjour à Damas, Raisi a rencontré des "dirigeants de la résistance palestinienne au palais présidentiel", selon Al Mayadeen. Le dirigeant iranien a déclaré aux médias libanais que sa visite s'inscrivait dans le cadre du soutien de l'Iran à l'axe de résistance à Israël.

Outre la réunion avec les membres des milices palestiniennes, à laquelle ont également participé le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdullahian, et l'ambassadeur iranien en Syrie, Hossein Akbari, Raisi s'est également rendu au sanctuaire chiite Sayyidah Zaynab, où il a fait l'éloge des actions menées par les groupes palestiniens contre Israël. "L'initiative de libérer Jérusalem est entre les mains des combattants palestiniens", a déclaré le président iranien. 

Tout comme l'Iran a envoyé du personnel militaire en Syrie, Téhéran envoie également des armes. En effet, une récente enquête de Reuters basée sur des sources syriennes, iraniennes, israéliennes et occidentales a révélé que Téhéran a profité des vols d'aide humanitaire au lendemain du tremblement de terre pour transférer des armes à la Syrie. Selon ces sources, ce matériel servirait à "renforcer les défenses de l'Iran contre Israël en Syrie". 

Ce n'est toutefois pas la première fois que Téhéran est accusé de transférer des armes vers la Syrie, qu'Israël considère comme une menace pour sa sécurité nationale. C'est pourquoi l'armée israélienne a mené de nombreuses frappes contre des cibles soupçonnées d'abriter des armes iraniennes dans les parties de la Syrie contrôlées par le gouvernement Al-Assad. L'une des dernières opérations en date a été menée contre l'aéroport d'Alep peu avant la visite de Raisi. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, quatre militaires syriens et trois membres de milices pro-iraniennes ont été tués lors de cette attaque. Les frappes israéliennes ont également détruit un dépôt de munitions