En juillet, les Émirats arabes unis ont dévoilé un nouveau plan climatique

Les Émirats arabes unis, grand producteur de pétrole et de gaz et hôte de la COP28

Emiratos Árabes Unidos - AFP/KARIM SAHIB
AFP/KARIM SAHIB - Émirats arabes unis

Le pays hôte de la conférence annuelle de l'ONU sur le climat (COP28), les Émirats arabes unis, dépend fortement des hydrocarbures pour sa prospérité, un cas similaire à celui du Qatar, qui a accueilli la COP18 en 2012. 

Voici la contribution des Émirats arabes unis au réchauffement climatique et ses actions concrètes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. 

Quelle est son empreinte carbone ?

Bien que les Émirats arabes unis ne comptent que neuf millions d'habitants, ils émettront 237 millions de tonnes de CO2 en 2021, contre 305 millions pour l'Espagne et 47 millions pour les Émirats arabes unis, selon les données officielles, sans compter le méthane et les autres gaz à effet de serre. 

Cela équivaut à 25 tonnes de CO2 par habitant, certes moins que le record du Qatar (40 tonnes), mais nettement plus que l'Arabie saoudite (18 tonnes). 

Ces émissions n'incluent pas le pétrole et le gaz exportés par le pays, mais reflètent uniquement le CO2 émis directement par ses habitants et ses entreprises, ce qui indique une économie et un mode de vie encore principalement basés sur la combustion du pétrole et du gaz. 

Les activités à forte intensité énergétique sont florissantes : des gratte-ciel rutilants s'élèvent dans le désert et l'air conditionné est omniprésent dans la chaleur torride. 

Aux Émirats arabes unis, l'électricité est presque entièrement produite par la combustion de gaz (82,5 % en 2022), qui rejette du CO2. 

L'énergie solaire ne représente que 5 % et le nucléaire, en plein essor, 13 %, selon le cabinet d'experts Ember.

PHOTO/BANDAR ALGALOUD - Mohamed bin Zayed al-Nahyan, presidente de Emiratos Árabes Unidos
PHOTO/BANDAR ALGALOUD - Mohammed bin Zayed al-Nahyan, président des Émirats arabes unis

Quelle est son ambition climatique ?

En juillet, le pays a présenté un nouveau plan climat. Les EAU ont rejoint l'objectif commun à de nombreux pays de tripler la production d'énergie renouvelable d'ici 2030. 

Le gouvernement vient d'inaugurer son premier parc éolien et, deux semaines avant la COP28, a inauguré la centrale solaire d'Al-Dhafra, l'une des plus grandes au monde. 

Il a également annoncé des plans de réduction des émissions dans tous les secteurs, de l'industrie aux transports, en mettant l'accent sur les véhicules électriques. 

Toutefois, en juillet, le Climate Action Tracker (CAT) a qualifié la stratégie globale d'"insuffisante", voire de "très insuffisante". 

Le CAT analyse les plans nationaux et les compare à la trajectoire que chaque pays devrait suivre pour contribuer à l'effort collectif visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle. 

La raison de ces critiques est que les émissions des EAU devraient continuer à augmenter jusqu'en 2030 et que le gaz conservera une position importante jusqu'en 2050, alors que son objectif de zéro émission nette en 2050 reste trop vague. 

Cependant, les EAU mettent en avant la diversification anticipée de leur économie au fil des décennies : l'industrie pétrolière et gazière reste dominante, mais ne représente plus qu'environ 30 % du PIB, contre 42 % pour son voisin saoudien.

Le rôle d'Adnoc

Les Émirats arabes unis sont le septième producteur mondial de pétrole, devant l'Iran et le Koweït, par l'intermédiaire de l'Abu Dhabi National Oil Company (Adnoc). 

Adnoc prévoit d'investir 150 milliards de dollars (2023-2027) pour augmenter sa capacité de production d'hydrocarbures. 

En octobre, elle a annoncé un nouveau projet gazier offshore (champs de Hail et Ghasha). 

Tout comme la société d'énergie renouvelable Masdar, Adnoc est dirigée par Sultan al-Jaber, qui a été nommé par le gouvernement des Émirats arabes unis pour présider la COP28, ce qui a alimenté les accusations de double jeu. 

Sultan al-Jaber affirme que son pétrole est moins cher et a moins d'impact en termes d'émissions en raison d'une extraction plus facile que dans d'autres régions du monde.

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PHOTO/WAM - Sultan al-Jaber
PHOTO/WAM - Sultan al-Jaber

Le président de la COP28 affirme qu'Adnoc n'augmente que la capacité d'extraction, et non la production de pétrole en tant que telle, afin de se préparer à répondre à la demande future avec un meilleur type de pétrole. 

Selon lui, les combustibles fossiles ne peuvent être abandonnés que lorsque les énergies renouvelables peuvent les remplacer de manière adéquate. 

Parallèlement, le pays soutient le captage et le stockage du carbone (CSC), des techniques qui sont encore loin de pouvoir stocker les milliards de tonnes de CO2 nécessaires pour maintenir les objectifs climatiques. 

Selon l'ONG Global Witness, les émissions totales d'Adnoc, y compris celles générées par la combustion des hydrocarbures exportés, continueront d'augmenter jusqu'en 2030, pour atteindre 684 millions de tonnes de CO2, soit l'équivalent de trois fois les émissions territoriales actuelles des Émirats arabes unis.