Décès du président iranien

La République islamique d'Iran est choquée par la mort du président Ebrahim Raisi.
Le président iranien Raisi a été tué dans un accident d'hélicoptère dans le nord-ouest de l'Iran pour des raisons qui font l'objet d'une enquête, a confirmé la télévision d'État iranienne. Le ministre des Affaires étrangères, Hosein Amir Abdollahian, a également été tué dans l'accident.
Raisi était accompagné d'un entourage qui avait participé à l'inauguration d'un barrage en Azerbaïdjan avec le président azéri Ilham Aliyev. L'hélicoptère s'est écrasé dans une zone difficile d'accès et les recherches ont été compliquées par des conditions météorologiques difficiles.
Ebrahim Raisi était président depuis 2011, date à laquelle il avait remplacé Hassan Rohani. Le président de la République islamique, récemment décédé, se caractérisait par ses politiques ultra-conservatrices au sein d'un régime déjà peu ouvert.
Le pouvoir suprême en Iran est détenu par l'Ayatollah à la tête, le véritable Guide Suprême, actuellement Ali Khamenei, qui dirige le pays depuis 1989, et qui est au-dessus du président du pays, du pouvoir judiciaire, du parlement et des forces armées. Au sein de ce régime des Ayatollahs, qui dessine des lignes religieuses, politiques et idéologiques, Khamenei détient le pouvoir, et en dessous de lui se trouve la figure du président, que Raisi a occupée jusqu'à sa mort.

Ebrahim Raisi s'est distingué par son caractère ultra-conservateur et ultra-religieux. La mort, en septembre 2022, de la jeune Mahsa Amini, décédée après avoir été arrêtée par la police de la moralité pour port incorrect du voile, est un exemple clair de cette ligne dure. Ce décès a déclenché une vague de protestations dans tout le pays, appelant à plus d'ouverture et à moins d'oppression. L'opposition politique est également très persécutée dans le pays et de nombreuses voix s'élèvent pour demander un renouvellement du système national afin que le pouvoir ne soit plus détenu presque exclusivement par l'ayatollah et les groupes les plus radicaux proches du régime théocratique musulman.
À la suite de l'annonce de la tragédie, les alliés de la République islamique ont exprimé leurs condoléances et leur reconnaissance. Le mouvement islamiste palestinien Hamas a salué lundi le défunt président iranien comme un "soutien de la résistance palestinienne", et le groupe extrémiste libanais Hezbollah lui a rendu hommage en le qualifiant de "protecteur des mouvements de résistance".
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s'est souvenu de Raisi et de son défunt ministre des Affaires étrangères, Hosein Amir Abdollahian, comme de "véritables amis", et le président syrien Bachar el-Assad a proclamé sa "solidarité" avec Téhéran, qui le soutient dans la guerre civile que connaît son pays et dans laquelle il bénéficie également de l'appui de la Russie.
Plusieurs pays, amis ou ennemis de l'Iran, se sont manifestés pour offrir leur aide, à l'exception d'Israël, pour retrouver l'hélicoptère abattu.

Un foyer de tension au Moyen-Orient
La République islamique d'Iran a été identifiée par divers experts comme une source de déstabilisation au Moyen-Orient en raison de sa position belliqueuse et interventionniste dans les politiques des autres pays et, surtout, de sa lutte acharnée contre Israël. Le pays perse dispose d'un réseau de groupes pro-iraniens disséminés dans plusieurs nations qui s'ingèrent dans la politique intérieure de ces pays, comme le Hamas en Palestine, le Hezbollah au Liban, le Liwa Fatemiyoun en Afghanistan et les Forces de mobilisation populaire dans l'Irak voisin.
Face à cet interventionnisme et à la volonté de l'Iran d'étendre sa révolution islamique, un front commun a émergé ces dernières années pour pacifier la région et promouvoir un plus grand développement économique et social. C'est dans cet esprit qu'ont été conclus les fameux accords d'Abraham, parrainés par les États-Unis, par lesquels plusieurs pays arabes comme les Émirats arabes unis, le Bahreïn et le Maroc ont établi des liens politiques et diplomatiques avec Israël. Il s'agit d'un revers pour l'Iran et d'un nouvel isolement politique international.
La récente guerre de Gaza entre Israël et le Hamas, déclenchée après l'attaque sanglante du groupe extrémiste palestinien sur le territoire israélien le 7 octobre, qui a fait environ 1 200 morts, a de nouveau provoqué une escalade des tensions au Moyen-Orient avec l'intervention militaire israélienne à Gaza, et la République islamique d'Iran a de nouveau pris position contre Israël, au point de lancer une attaque historique de drones sur le territoire israélien.
Aujourd'hui, après la mort d'Ebrahim Raisi, il reste à voir s'il y aura des changements dans la politique de l'Iran, bien qu'avec la poigne de fer du régime des Ayatollahs en place, rien de tel n'est prévisible.