L'ambassadeur des Emirats en Espagne : « Aucun conflit arabe n'a de solution militaire »
L'ambassadeur des Émirats arabes unis (EAU) en Espagne, Majid Hassan Mohammed H. M. Alsuwaidi a déclaré qu'en raison de la longue histoire de coopération, de fraternité et d'amitié avec le peuple libyen, « les EAU s'engagent à jouer un rôle constructif dans la réalisation de la paix et de la prospérité » en Libye, qui est plongée dans une guerre civile depuis 2011, opposant le gouvernement d'unité nationale (GNA, par son acronyme en anglais) et l'armée de libération nationale (LNA, par son acronyme en anglais) lors d'une conférence virtuelle organisée par la Fondation pour les études stratégiques et internationales (FESEI).
Il a également affirmé qu'ils sont déterminés à « empêcher les extrémistes de s'emparer des ressources naturelles, des hydrocarbures et des biens libyens », puisque la solution « doit venir exclusivement du peuple libyen et non d'une ingérence étrangère », en référence implicite au rôle joué par la Turquie et ses mercenaires qui soutiennent le conflit du GNA. « Les milices extrémistes sont les seules à tirer profit de la situation actuelle, car elles profitent des écarts de pouvoir, légaux et autres, qui existent actuellement en Libye », a-t-il déclaré.
Le diplomate a également abordé la guerre au Yémen, où ils combattent le gouvernement d'Abd Rabbuh Mansur al-Hadi, soutenu par la coalition arabe dirigée par l'Arabie Saoudite, et la milice houthi. « Nous soutenons une solution politique et le processus mené par les Nations Unies et son envoyé au Yémen, Martin Griffiths », a-t-il déclaré.
Dans cette ligne, ni pour la Libye, ni pour le Yémen, ni pour aucun des conflits dans le monde arabe, il n'y a de solution militaire, a souligné l'ambassadeur. « Il faut travailler à un processus politique négocié qui soit inclusif et représentatif du peuple » afin de parvenir à la paix et à la prospérité, qui sont les principaux objectifs du programme régional d'Abou Dhabi.
Dans ce sens également, il a revendiqué le rôle actif joué par les EAU dans la lutte contre l'extrémisme et le terrorisme - en particulier celui exercé par Al-Qaïda dans la péninsule arabique - qui met en péril la stabilité régionale. Ce n'est qu'en combattant ces menaces « que le développement peut venir », a déclaré le diplomate. Mais cette voie vers la prospérité régionale doit également être soutenue par l'acheminement de l'aide humanitaire, qui « est essentielle en ces temps critiques ». Dans le cas du Yémen, par exemple, il a expliqué que les EAU ont envoyé 6 milliards de dollars d'aide humanitaire entre 2015 et 2020, ce qui fait du pays du Golfe l'un des plus grands donateurs au monde. Les programmes de coopération émiratis bénéficient actuellement à 140 pays dans le monde.
Mention spéciale à ce stade pour la pandémie de coronavirus. L'ambassadeur a rappelé que les EAU ont envoyé plus de 1 079 tonnes de fournitures médicales pour combattre le COVID-19 dans le monde entier, ce qui a aidé plus d'un million de professionnels de la santé dans 72 pays. « Notre programme d'aide n'est pas conditionné par la politique ou quoi que ce soit d'autre ; il est gratuit »t, a-t-il déclaré, notant que l'Iran, par exemple, a reçu des colis de fournitures des EAU.
Une autre question abordée par l'ambassadeur est le processus de diversification dans lequel les EAU sont plongés, de la dépendance aux hydrocarbures tels que le pétrole et le gaz - le pays du Golfe est le sixième exportateur mondial de ces ressources - à une économie basée sur la connaissance.
« Nous comprenons que le pétrole est temporaire, c'est pourquoi nous devons nous développer et toujours penser à l'avenir, que nous devons constamment évoluer. Nous avons une source d'énergie maintenant, mais qui sait si dans le futur nous pourrons fournir de l'énergie d'un autre type », a-t-il déclaré.
« En moins de 50 ans, nous avons réussi à devenir l'un des pôles les plus attractifs de la région pour les entreprises. Nous sommes reliés aux deux tiers de la population mondiale par des vols de moins de quatre heures », a-t-il déclaré. « Nous sommes un point de rencontre pour tous les peuples, toutes les cultures et toutes les religions », a-t-il déclaré.
Tout cela fait partie de la nouvelle vision que les autorités émiraties ont adoptée pour le Moyen-Orient, basée sur « l'acceptation de la diversité, l'encouragement de l'innovation et l'autonomisation des femmes ». Sur ce dernier point, le diplomate a souligné que « ce qui rend les EAU uniques, c'est la façon dont nous avons donné du pouvoir aux femmes. Les gens ne savent pas que les droits des femmes sont inscrits dans notre Constitution. Ils sont l'élément central de la construction d'une société innovante, moderne et tolérante ». Parmi les données qu'elle a fournies à cet égard, on peut citer le fait que 70 % des diplômés universitaires dans le pays du Golfe sont des femmes et qu'elles représentent jusqu'à 90 % du corps scientifique de la nation.
Dans cette lignée, il a donné comme exemple que c'est une femme, Mayam Rashid Al Shamsi, qui dirige la mission émiratie vers Mars, dans le cadre de laquelle la sonde Al-Amal (Espoir, en français) a été lancée le 20 juillet dernier pour étudier l'atmosphère de la planète rouge, devenant ainsi la première mission interplanétaire arabe. « Notre leadership a toujours été orienté vers l'autonomisation des femmes », a souligné l'ambassadeur. Il a également noté que le lancement d'Al-Amal représente la vision des EAU : « la combinaison du progrès et de la collaboration mondiale ».
Le diplomate a également noté la promotion par les EAU de la tolérance religieuse et du dialogue interreligieux et a souligné la visite du pape François aux EAU en février 2019, qui a constitué un jalon historique pour la région.
« Les relations entre les EAU et l'Espagne sont dans un processus continu de croissance », a déclaré l'ambassadeur, qui a expliqué que le pays du Golfe est actuellement le 15e investisseur dans notre pays en termes d'IED et que 81 entreprises émiraties opèrent actuellement sur le territoire espagnol, employant plus de 9 000 ressortissants. « Notre relation avec l'Espagne en ce moment est la meilleure que nous ayons jamais eue », a conclu Majid Hassan Mohammed H. Alsuwaidi.
