La Communauté de Madrid de Díaz Ayuso annule le programme de langue arabe et de culture marocaine

La Communauté de Madrid, gouvernée par Isabel Díaz Ayuso, du Parti populaire (PP), a pris la décision d'annuler le programme de langue arabe et de culture marocaine, comme l'a communiqué Emilio Viciana, conseiller à l'Éducation du gouvernement régional madrilène, au ministère espagnol de l'Éducation.
Il s'agit d'un programme extrascolaire dispensé dans les écoles publiques de Madrid, financé par la Fondation Hassan II, qui comptait environ 1 450 élèves et qui présente, selon la communication du conseiller, « de graves lacunes en matière de contrôle et d'information », ce qui constitue un « manque de garanties » pour dispenser un enseignement indépendant et sans influences politiques.
La Communauté de Madrid met l'accent sur le manque de connaissances en matière de formation pédagogique et le niveau d'espagnol des enseignants envoyés par le Maroc et affirme que la sélection du personnel se limite au fait qu'ils sont fonctionnaires de l'État marocain. Ce qui, pour le gouvernement régional madrilène, pose un problème compte tenu du manque de contrôle sur les enseignants qui dispensent ces formations, situation déjà communiquée au ministère de l'Éducation.
« On ignore si le ministère inspecte les programmes pédagogiques élaborés par ces enseignants ou s'il vérifie leur conformité avec le Guide pratique du corps enseignant », a officiellement indiqué l'exécutif régional, qui critique également l'absence de garanties permettant d'assurer la bonne intégration des élèves dans le système éducatif espagnol.
Ce programme éducatif continue d'être dispensé dans d'autres communautés autonomes, bien que, par exemple, à Murcie, son annulation ait également été proposée à l'initiative du parti de droite Vox.
Dans la Communauté de Murcie, le porte-parole de Vox à l'Assemblée murcienne, Rubén Martínez Alpañez, a déjà annoncé son annulation, bien que le gouvernement régional ne l'ait pas encore officialisée.
Vox avait également critiqué ce programme éducatif mis en place par le Maroc à Madrid.
Introduit en 2012 sous le gouvernement de Mariano Rajoy, précisément du PP, ce programme avait pour objectif déclaré « d'enseigner la langue arabe et la culture marocaine aux élèves marocains et non marocains » dans les écoles primaires et secondaires espagnoles.
Selon la Fondation Hassan II, il visait également à « aider les élèves marocains à conserver leur identité et leur culture, tout en respectant celle du pays d'accueil ».
Ces attitudes remettent en question le contenu enseigné ainsi que l'intention politique du programme, comme l'ont indiqué la Communauté de Madrid et celle de Murcie, qui a même dénoncé l'exaltation de la Marche verte qui a marqué l'entrée du Maroc au Sahara occidental après la fin de la période coloniale espagnole.
Le gouvernement régional de la Communauté de Madrid a ainsi déclaré que le contrôle des contenus enseignés et la transparence devaient être non négociables.
Divers médias marocains proches ont dénoncé cet acte comme hostile et contraire à la diversité éducative que peut promouvoir dans ce cas la diffusion de la culture arabe, et en particulier marocaine, dans le système éducatif espagnol.
Cette attitude politique des partis PP et Vox constitue précisément un revers pour les relations diplomatiques actuelles entre l'Espagne et le Maroc, qui ont connu ces dernières années un rapprochement important dans tous les domaines à la suite des contacts intensifs entre le roi du Maroc, Mohammed VI, et le Président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, à la suite du soutien apporté par l'exécutif espagnol à l'initiative régionale du Maroc pour le Sahara occidental comme option la plus sérieuse et la plus crédible pour résoudre le différend sahraoui, une question très importante pour le royaume marocain qui estime qu'elle touche à la défense de son intégrité territoriale.
Cette bonne entente s'est également traduite par la tenue, en février 2023, d'une réunion de haut niveau (RHN) présidée par Pedro Sánchez lui-même et le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, qui a abouti à la signature de plus d'une vingtaine d'accords dans de nombreux secteurs, dont celui de l'éducation, grâce à la feuille de route préalablement établie par le roi Mohammed VI et Pedro Sánchez lors de leurs rencontres à Rabat.
Des attitudes telles que celles récemment affichées par le PP et Vox pourraient troubler les excellentes relations qui existent actuellement entre le Maroc et l'Espagne, deux partenaires et alliés clés des deux rives de la Méditerranée.