Cette décision, qui vise à "renforcer les relations" entre Riyad et les Palestiniens, intervient alors que des rumeurs font état d'une possible normalisation entre le Royaume et Israël

L'Arabie saoudite nomme son tout premier consul à Jérusalem

PHOTO/FILE - Mohamed bin Salman, príncipe heredero de Arabia Saudí
PHOTO/FILE - Mohammed bin Salman, prince héritier d'Arabie saoudite

Pour la première fois, l'Arabie saoudite a nommé un ambassadeur extraordinaire non résident en Palestine, qui sera également consul à Jérusalem. Comme l'a annoncé le ministère des Affaires étrangères du Royaume, Nayef al Sudairi - l'actuel ambassadeur saoudien en Jordanie - a remis une copie de ses lettres de créance en tant qu'ambassadeur extraordinaire en Palestine à Majdi al Jalidi, le conseiller du président palestinien Mahmoud Abbas pour les affaires diplomatiques. 

Cette nomination représente "un pas important" qui reflète la volonté du roi Salman et du prince héritier Mohammed bin Salman "de renforcer les relations avec les frères de l'État de Palestine et de lui donner une impulsion formelle dans tous les domaines", comme l'a expliqué Al Sudairi dans des propos rapportés par la chaîne saoudienne Al Ekhbariya. D'autre part, selon l'agence de presse saoudienne SPA, cette décision vise à "renforcer et promouvoir les liens bilatéraux dans divers domaines"

Bien qu'Al Sudairi continue d'opérer depuis Amman, les autorités palestiniennes considèrent cette décision comme une victoire diplomatique. Comme le rappelle le Jerusalem Post, l'Arabie saoudite est le quatrième pays arabe à nommer un ambassadeur en Palestine, après l'Égypte, la Jordanie et le Maroc.

Cette annonce intervient alors que les États-Unis redoublent d'efforts pour parvenir à une normalisation diplomatique entre l'Arabie saoudite et Israël. Depuis des mois, de hauts fonctionnaires américains se sont rendus dans le Royaume dans le but de promouvoir des liens diplomatiques entre les deux pays. 

El Príncipe heredero de Arabia Saudita, Mohammed bin Salman (derecha), chocando los puños con el presidente de los Estados Unidos, Joe Biden, en el Palacio Al-Salam en el puerto de Jeddah en el Mar Rojo. el 15 de julio de 2022
AFP/ Bandar AL-JALOUD / Palacio Real Saudí
AFP/ Bandar AL-JALOUD / Palais royal saoudien - Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman et le président américain Joe Biden

"La négociation d'un accord de normalisation renforcerait les relations américano-saoudiennes et protégerait la présence américaine de l'influence croissante de la Chine dans la région", explique à Atalayar Valeria Scuto, analyste principale pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord chez Sibylline. De même, un accord entre Riyad et Jérusalem constituerait "un moyen de dissuasion régional important contre l'Iran". Sur le plan intérieur, une telle étape représenterait un succès diplomatique pour l'administration Biden avant les élections de l'année prochaine.  

Toutefois, pour que cela se produise, des progrès doivent d'abord être réalisés sur la question palestinienne, comme l'a souligné à plusieurs reprises l'Arabie saoudite. De même, le Royaume attend d'Israël qu'il prenne des engagements clairs en faveur des Palestiniens en échange de l'établissement de liens avec l'État juif. D'autre part, ce que les Saoudiens attendent de Washington en échange de la normalisation, c'est un soutien à leur programme nucléaire civil, ainsi que de l'armement américain et un accord de défense qui protégerait le Royaume des menaces de l'Iran.

Bien qu'une telle normalisation constituerait un succès diplomatique majeur pour Israël, favorisant son intégration dans la région, de nombreux analystes considèrent qu'un accord de paix entre Jérusalem et Riyad est peu probable avec l'actuel gouvernement israélien. "L'Arabie saoudite a préconisé une solution à deux États, mais c'est une question que Netanyahu n'est pas en mesure d'aborder avec son gouvernement actuel et qui, en général, fait l'objet d'un consensus limité dans les sphères politiques israéliennes", note Scuto. Scuto note également que "la normalisation avec Israël reste impopulaire auprès de l'opinion publique saoudienne".  

PHOTO/AFP/RONALDO SCHEMIDT - El primer ministro israelí, Benjamin Netanyahu
PHOTO/AFP/RONALDO SCHEMIDT - Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

Israël ne permettra pas l'ouverture de la délégation diplomatique saoudienne à Jérusalem

Alors que Ramallah célèbre la nomination du consul saoudien pour la Palestine, le gouvernement israélien a déjà fait une déclaration à ce sujet, assurant qu'il ne permettra pas l'ouverture d'une représentation diplomatique pour les Palestiniens à Jérusalem.

C'est ce qu'a déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, lors d'une interview sur 103 FM. "Ils n'ont rien coordonné avec nous, mais nous n'autoriserons pas l'ouverture de la mission diplomatique", a-t-il souligné. Le chef de la diplomatie israélienne a également souligné que cette démarche de l'Arabie Saoudite vise à envoyer un message aux Palestiniens que le Royaume "ne les a pas oubliés"