Les deux pays ont convenu en mars, avec la médiation de la Chine, de normaliser leurs relations diplomatiques

L'Iran et l'Arabie saoudite renforcent leurs relations et se concentrent sur la sécurité du golfe Persique

Fayez NURELDINE / AFP -
Fayez NURELDINE / AFP - Le ministre iranien des Affaires étrangères Hosein Amir Abdolahian et le ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal bin Farhan

L'Iran et l'Arabie saoudite ont franchi jeudi une nouvelle étape dans la reprise des relations entre les deux pays, historiquement rivaux, avec la première visite officielle à Riyad du ministre iranien des Affaires étrangères, Hosein Amir Abdolahian, qui s'est concentrée sur le renforcement de la coopération économique et de la sécurité dans le golfe Persique.

Lors de cette rencontre, Abdolahian et son homologue saoudien, Faisal bin Farhan, ont tous deux souligné l'importance de la coopération en matière de sécurité, et l'Iranien a proposé un dialogue avec les voisins arabes de son pays pour la "stabilité" et la "sécurité intérieure et régionale".

"Nous nous sommes mis d'accord sur (la nécessité de) travailler sur la base d'accords qui ouvrent la voie à l'expansion et au renforcement de la coopération entre les deux pays dans tous les domaines", a déclaré le chef de la diplomatie iranienne lors d'une conférence de presse avec Bin Farhan.

Pour sa part, Bin Farhan a souligné que Riyad "considère qu'il est important d'élever le niveau de la coopération et de la coordination bilatérales", et aspire à "une nouvelle étape dans les relations" basée "sur les intérêts communs et le respect mutuel".

Il a également souligné "l'intérêt de l'Arabie saoudite à relancer les accords précédents (avec l'Iran), en particulier dans les domaines de l'économie et de la sécurité", et a noté qu'"il existe un désir sérieux de mettre en œuvre les termes de l'accord (de mars) qui profitent au royaume et à l'Iran en renforçant la confiance et en élargissant le champ de la coopération".

L'Iran et l'Arabie saoudite, pays rivaux à la tête de l'islam sunnite et chiite au Moyen-Orient, ont accepté en mars, sous médiation chinoise, de normaliser leurs relations diplomatiques, rompues par Riyad en 2016 sur fond de tensions avec l'Iran et après des attaques contre ses bureaux diplomatiques dans ce pays à la suite de l'exécution par le royaume arabe d'un haut dignitaire religieux chiite. 

PHOTO/ARCHIVO/AFP - Combinación de imágenes del príncipe heredero saudí, Mohamed bin Salman y del líder supremo ayatolá Alí Jamenei
PHOTO/ARCHIVO/AFP - Combinaison d'images du prince héritier saoudien Mohammed bin Salman et du guide suprême l'ayatollah Ali Khamenei

L'Arabie saoudite et ses partenaires arabes voisins de l'Iran, tous alliés des États-Unis, accusent depuis le début des années 1980 Téhéran d'intervenir dans leurs affaires intérieures et de menacer leur sécurité en soutenant des milices chiites telles que le Hezbollah libanais et les rebelles houthis du Yémen.

Les pays arabes voisins de l'Iran ont également exprimé à plusieurs reprises leur inquiétude quant aux programmes nucléaire et balistique de l'Iran, et ne cachent pas leur préoccupation quant aux mouvements de la marine iranienne dans les eaux du golfe Persique, qu'ils considèrent comme une menace pour la navigation dans cette importante voie maritime par laquelle une grande partie de l'énergie mondiale est exportée.

À cet égard, le ministre iranien a déclaré avoir abordé l'idée d'établir un dialogue avec les "voisins" arabes, après l'avoir fait avec son homologue Faisal bin Farhan pour discuter de la "coopération bilatérale et multilatérale" en faveur de la "stabilité et de la sécurité" régionales.

Il a ajouté que son pays "cherche à communiquer et à améliorer ses relations avec les États voisins, y compris l'Arabie saoudite".

Nous suivons la bonne voie à cet égard", a-t-il déclaré, "et nous l'avons fait avec l'Irak, le Koweït, les Émirats arabes unis et le Qatar", insistant sur le fait que "la sécurité dans la région est une idée indivisible".

Dans le cadre de l'accord de mars, l'Iran a ouvert son ambassade à Riyad et son consulat général dans la ville saoudienne de Jeddah au début du mois de juin, tandis que l'Arabie saoudite a fait de même en août et a rouvert cette semaine son consulat dans la ville sainte de Mashad.

L'accord de rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays a ouvert la voie à la réadmission de la Syrie au sein de la Ligue arabe après 12 ans de suspension, ainsi qu'à des pourparlers entre l'Iran et l'Égypte en vue de normaliser les relations et à des négociations de paix au Yémen.