Le président russe s'engage à intensifier les efforts pour trouver une solution, mais ne prend pas position avec Alger sur le conflit

Malgré les pressions de Tebboune, Poutine reste en dehors de la question du Sahara

El presidente ruso Vladimir Putin - AFP/GAVRIIL GRIGOROV
AFP/GAVRIIL GRIGOROV - Le président russe Vladimir Poutine

La récente visite à Moscou du président algérien Abdelmadjid Tebboune a permis de réaffirmer le partenariat historique russo-algérien et à l'Algérie de consolider ses alliances dans un contexte d'isolement régional. Lors de son séjour en Russie, Tebboune a également évoqué sa candidature aux BRICS et la question du Sahara occidental, qui l'oppose au Maroc.

Cependant, malgré les liens étroits entre Alger et Moscou, le président russe Vladimir Poutine n'a pas abordé la question du Sahara occidental avec Tebboune, contrairement à ce que rapportent les médias algériens. Selon des sources algériennes consultées par Maghreb Intelligence, Poutine s'est seulement engagé à intensifier les efforts diplomatiques russes "pour trouver une solution rapide, acceptable et adéquate" au conflit. Moscou continuera donc à soulever la question au Conseil de sécurité de l'ONU. 

Lors des rencontres avec son homologue algérien, Poutine n'a pas mentionné les mots "indépendance" ou "référendum d'autodétermination" à propos de la question sahraouie. De même, il n'a pas critiqué le Maroc, malgré le ton dur de Tebboune à l'égard du Royaume.

Selon Maghreb Intelligence, "Vladimir Poutine ne s'est pas du tout aligné sur l'approche algérienne de cette question et n'a pas fait de concessions particulières au président algérien, ni ne lui a promis quoi que ce soit de particulier". Le président russe s'est contenté de reconnaître la pertinence du conflit, qu'il considère comme l'une des "confrontations régionales dans le monde arabe qui préoccupent et inquiètent la Russie". 

Tout comme il n'a pas approuvé la position de l'Algérie sur le Sahara, Poutine n'a pas fait référence au soutien logistique ou militaire présumé du Front Polisario. "Cette question n'a jamais été abordée, elle ne figurait pas du tout à l'ordre du jour des réunions", ont déclaré des sources à Maghreb Intelligence

La Russie n'est pas intéressée à se ranger du côté de l'Algérie sur la question du Sahara occidental en raison de son partenariat avec le Maroc dans divers domaines. En mars dernier, l'Agence fédérale russe du transport aérien a annoncé de nouvelles liaisons aériennes avec plusieurs pays, dont le Maroc, afin de faire face aux sanctions occidentales. De même, à la fin de l'année dernière, Moscou et Rabat ont conclu un accord de coopération dans le domaine de l'énergie atomique pacifique. 

Par ailleurs, quelques mois après le début de l'invasion de l'Ukraine, la Russie a également cherché à rassurer le Royaume sur l'approvisionnement en céréales, assurant qu'il recevrait les livraisons russes "normalement et à temps".

Outre la question du Sahara, Tebboune a pressé son homologue russe d'adopter un nouvel accord de défense dans le contexte géopolitique actuel, rapporte Assabah. Tebboune a évoqué à Moscou les pressions que son pays subit de la part des pays occidentaux pour influencer les relations entre la Russie et l'Algérie. Il a également souligné l'importance de Moscou pour le pays nord-africain. Selon lui, la préservation de l'indépendance et de la liberté de l'Algérie dépend de la Russie, notamment par le biais des livraisons d'armes. Toutefois, Poutine s'est contenté de décrire les liens entre les deux pays comme des "relations de nature particulièrement stratégique".