Les négociations pour une nouvelle constitution commencent en Libye

Le conflit en Libye progresse vers une résolution commune entre les parties opposées. Après presque sept ans de confrontation et un pays complètement divisé, les Libyens retrouvent l'espoir d'organiser de nouvelles élections et de former une nouvelle constitution qui mettra fin au conflit.
Le pays libyen est divisé depuis les émeutes du printemps arabe de 2011. La mort de Mouammar Kadhafi marque neuf années de conflit et de divisions qui ont laissé la population libyenne sur le carreau. Les crises énergétique, économique et sanitaire pèsent sur les citoyens qui manifestent dans les rues contre les deux gouvernements depuis le mois d'août.
La Libye a actuellement deux gouvernements : le GNA, dirigé par le Premier ministre Fayez Sarraj, et le parlement oriental de Tobrouk, créé en 2014 et associé à l'Armée nationale libyenne (LNA) commandée par le maréchal Khalifa Haftar.
Des délégations des deux parties au conflit libyen se sont rencontrées hier au Caire pour lancer un nouveau cycle de négociations sur les arrangements constitutionnels, une étape préalable au dialogue intra-libyen qui débutera début novembre à Tunis pour convenir d'élections.
Il existe actuellement trois voies de négociation ouvertes dans trois endroits différents : à Genève, où les négociations ont commencé en février pour définir les premières étapes à suivre. Au Maroc, à Bouznika, des pactes de paix politiques et structurels sont en cours de discussion. Et en Égypte, Hurgada, où les étapes à suivre pour un cessez-le-feu et pour convenir d'une restructuration militaire et sécuritaire sont mises en commun.
Selon l'agence d'Etat égyptienne MENA, des représentants du Parlement et du Conseil d'Etat de Libye ont tenu la première réunion de ce nouveau cycle de négociations dans la capitale égyptienne dimanche, où ils ont discuté "des mécanismes pour résoudre la crise libyenne et des cadres pour une nouvelle constitution".
L'Égypte joue le rôle de médiateur dans ce forum politique, qui durera jusqu'au 13, et a déjà facilité des pourparlers, sous les auspices des Nations unies, entre les factions opposées sur des questions de sécurité et de déploiement militaire dans la ville de Hurgada en septembre.
Comme il est d'usage dans ces forums, les noms des membres des deux factions du Parlement de Tobrouk, dans l'est du pays, et ceux des membres du Conseil d'État n'ont pas été révélés.
Le chef des services de renseignements égyptiens, Abbas Kamel, a déclaré lors de la réunion que le Caire soutient un accord politique sous les auspices de l'ONU et la nécessité de parvenir à une solution intra-libyenne sans l'interférence d'acteurs extérieurs.
"Le temps est venu de répondre aux aspirations du peuple libyen en faisant avancer la voie politique pour que la Libye ait une constitution qui définisse les pouvoirs et les responsabilités, menant à des élections présidentielles et parlementaires", a déclaré M. Kamel.

Les Nations unies organisent des forums de négociation intra-libyens pour résoudre le conflit politique, économique et militaire complexe dans lequel la Libye est impliquée, dans le cadre des accords conclus en janvier dernier à Berlin pour tenter d'arrêter la guerre.
Le 2 janvier, les parties adverses se sont réunies dans la ville marocaine de Bouznika pour s'entendre sur les mécanismes de nomination des sept postes les plus importants de l'État, ce qui a été rejeté par le Conseil de la magistrature libyenne, considérant que ce mécanisme est "discriminatoire".
Avant le début du Forum sur le dialogue politique libyen à Tunis début novembre, les parties en présence se réuniront à Genève le 19 pour discuter de questions militaires.
La guerre civile fait rage dans ce pays d'Afrique du Nord depuis 2014 et est devenue un scénario de guerre internationale impliquant différentes puissances étrangères ayant des intérêts différents sur le terrain. La LNA à Haftar est soutenue par l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l'Égypte, la Russie et la France, tandis que la GNA reçoit un soutien militaire de la Turquie et un soutien financier du Qatar, et est reconnue par les Nations unies (ONU) depuis 2016.