Le ministère turc de la défense a annoncé un nouvel exercice militaire en mer Égée au milieu d'une nouvelle escalade des tensions

La tension monte entre la Turquie et la Grèce en mer Méditerranée

REUTERS/MURAD SEZER - Le navire d'entraînement turc Yavuz est escorté par la frégate de la marine turque TCG Gemlik (F-492) en Méditerranée orientale au large de Chypre

La Turquie a annoncé que ses forces navales effectueront des exercices militaires "à grande échelle" en mer Égée entre le 25 février et le 7 mars. La manœuvre, baptisée "Blue Homeland 2021", comprendra au total 87 navires de guerre, 27 avions et une vingtaine d'hélicoptères et de drones, selon des sources du ministère de la défense.  

Des unités de l'armée de l'air turque, le commandement des garde-côtes et la gendarmerie générale participeront également aux exercices, a ajouté le ministère. L'objectif principal est d'évaluer les capacités et l'état de préparation des unités de la marine turque. Les activités comprendront des attaques et des affrontements simulés dans un scénario qui tentera de simuler des "conditions opérationnelles réelles".  

Cette annonce intervient deux jours après la dénonciation d'Athènes par Ankara pour "harcèlement" d'un navire de recherche turc en mer Égée. Jusqu'à quatre avions de chasse F-16 grecs auraient harcelé le TCG Cesme à l'ouest de l'île grecque de Lemnos. L'un d'entre eux aurait lancé un type de fusée éclairante utilisée pour tromper les radars ennemis à une distance de 3,7 kilomètres du navire, selon les responsables du ministère turc de la Défense.

Le Ministre turc de la défense, Hulusi Akar, a déclaré que la Turquie a répondu par "les représailles nécessaires selon les règles", ajoutant que "pendant que nous faisons du travail scientifique, le harcèlement n'est pas correct. Elle ne s'inscrit pas dans le cadre de nos relations de bon voisinage". L'armée de l'air grecque menait alors un exercice en mer Égée, mais le ministère de la défense grecque a déclaré que ses avions n'étaient pas à proximité du navire turc et a nié avoir exercé des représailles.  

Atalayar_Erdogan

La Turquie avait envoyé le navire de recherche dans les eaux internationales de la mer Égée jusqu'au 2 mars pour effectuer des relevés hydrographiques. Les autorités grecques avaient protesté contre ce déploiement, arguant qu'il était contraire à l'esprit de dialogue renouvelé établi par les nations voisines et à l'effort de la Turquie pour améliorer ses relations avec l'Union européenne.  

Cette nouvelle escalade des tensions entrave la voie du dialogue qui a été rouverte le 25 janvier. Après 5 ans sans relations diplomatiques, la Turquie et la Grèce se sont retrouvées à Istanbul pour délimiter les zones maritimes de la mer Égée et définir les droits aux ressources énergétiques en Méditerranée orientale. Jusqu'en mars 2016, ils s'étaient rencontrés 60 fois au total, sans succès. La tentative de coup d'État ratée en Turquie a sapé les progrès alors reconnus par le Premier ministre grec Alexis Tsipras.

Cependant, la militarisation constante de la région par Erdogan a affaibli les positions de dialogue. Lors du dernier sommet, les deux parties ont décidé de poursuivre les discussions malgré l'annonce précédente de la Turquie concernant le lancement d'un nouveau navire de recherche. L'Union européenne a alors menacé d'imposer des sanctions, mais le changement de position d'Ankara a rétabli les conditions d'un accord.  

La prochaine réunion est toujours en cours et aura lieu à Athènes, comme l'ont reconnu les membres de la table de dialogue. Toujours sans date précise, la Turquie devrait réorienter ses relations avec l'Occident. Premièrement, réduire les dommages économiques imposés par les sanctions, deuxièmement, réaliser une série d'améliorations dans l'union douanière et des facilités pour la libéralisation des visas. Enfin, de prendre un nouveau départ dans ses relations avec la Maison Blanche après l'arrivée de Biden.  

Atalayar_Mitsotakis
La Grèce augmente ses investissements dans la Défense

Entre-temps, le gouvernement grec a approuvé une augmentation de 57 % des dépenses du ministère de la défense. Le budget militaire grec a atteint 5,5 milliards d'euros. "Jamais auparavant un programme militaire aussi complexe et important n'avait été mené aussi rapidement et efficacement", a déclaré le Premier ministre Mitsotakis, ajoutant que les plans du gouvernement comprenaient également l'acquisition de nouvelles frégates, d'hélicoptères, de drones, la modernisation de la flotte de F-16 et le recrutement de 15 000 soldats supplémentaires. 

Cette décision s'est accompagnée de l'annonce par le Premier ministre d'un accord avec la France pour l'achat de 18 avions de chasse Rafale pour une valeur de 2,45 milliards d'euros, ainsi que de la dépense de 1,4 milliard d'euros pour établir une nouvelle école de pilotage gérée par Israël, entre autres. Ces accords de plusieurs millions de dollars ont conduit la Grèce à renforcer son armée et à améliorer ses relations stratégiques avec les pays fournisseurs. De plus, Athènes envoie un message d'avertissement à Ankara pour freiner ses aspirations.