La Turquie et l'Égypte renouent leurs relations par le biais d'un contrat d'armement

La Turquie, du moins depuis l'arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan, a tenté de jouer les équilibristes entre pratiquement tous les pays, souvent sans succès. Maintenir des relations diplomatiques avec l'Égypte tout en se rapprochant des Frères musulmans a été l'une des impossibilités qui ont finalement dynamité toute normalisation avec le Caire. Ces derniers mois, la Turquie a choisi de donner la priorité aux Égyptiens, et les résultats commencent à se faire sentir.
Dix ans plus tard, la Turquie et l'Égypte se rapprochent
En juillet de l'année dernière, Ankara et Le Caire ont normalisé leurs relations diplomatiques au plus haut niveau. Cette annonce a marqué un tournant dans la région, qui avait été bouleversée par le coup d'État du général égyptien Abdel Fatah al-Sisi, il y a tout juste dix ans. Les relations avec la Turquie avaient alors été rompues, mais elles sont aujourd'hui remises sur les rails et, surtout, de plus en plus revitalisées.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a annoncé la vente par la Turquie d'avions de combat sans pilote. Et ce, à quelques jours de la visite d'Erdogan au Caire, où il espère approfondir le renforcement des relations dans divers secteurs tels que l'économie, la politique et le social. Toutefois, la réalité est que, malgré l'amélioration significative des relations, il subsiste des différences importantes qu'il n'est pas facile de mettre de côté.
Et c'est précisément l'une des raisons pour lesquelles Erdogan lui-même est en visite au Caire. Il y rencontre son homologue égyptien pour "améliorer les relations entre la Turquie et l'Égypte et revitaliser les mécanismes de coopération bilatérale de haut niveau". Selon les autorités ottomanes, la rencontre aura lieu à l'invitation du président al-Sisi, mettant ainsi fin à plus d'une décennie sans visite du dirigeant turc en Égypte. Bien qu'il ne s'agisse pas de la première rencontre entre Erodgan et al Sisi, qui se sont rencontrés en novembre 2022 à Doha lors de l'inauguration de la Coupe du monde de football, les autorités ottomanes n'en sont pas à leur coup d'essai.
L'évolution des achats d'armes par l'Égypte
Les hommes d'Abdel Fatah al Sisi ont connu des changements majeurs en termes de fournitures d'armes depuis son arrivée au pouvoir en 2013. Tout d'abord, les États-Unis, avec Barack Obama à la Maison Blanche, ont cessé de vendre des armes à l'Égypte, une position qui a été rapidement corrigée et qui a aidé Le Caire à conclure de nouveaux accords avec un grand nombre de pays occidentaux.
L'Égypte a ainsi commencé à établir des relations solides avec de nombreux pays de la région, effectuant même des manœuvres militaires avec des pays du Moyen-Orient. C'est précisément entre 2013 et 2017 que les achats d'armes par l'Égypte ont augmenté de manière significative. Selon les données publiées par l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, l'augmentation a été de 225 %.
L'Égypte a importé pour 34 milliards de dollars d'armes entre 2016 et 2020. Ce volume représente près de 6 % de l'ensemble des importations d'armes dans le monde, la Russie étant le partenaire le plus important. Moscou représentait 41 % de toutes les importations d'armes en Égypte, suivie par la France avec 18 % et, plus loin, les États-Unis avec un peu moins de 9 %.

Le développement militaire comme priorité
Le gouvernement d'Abdel Fatah al Sisi souhaite augmenter les importations et, parallèlement, la production d'armes. Le général de division Yahya Kadwani, membre du comité de sécurité nationale du parlement égyptien, explique que son pays cherche à développer les capacités de combat de son armée. Cette volonté a un effet positif sur l'amélioration des relations entre les différentes tendances politiques, comme c'est le cas aujourd'hui avec la Turquie.
En décembre dernier, une délégation égyptienne a visité trois entreprises afin d'explorer des pistes de coopération qui ont été confirmées. L'Égypte envisage favorablement la production conjointe de munitions, ainsi que la localisation de certaines technologies de fabrication sur le sol ottoman. Elle voit dans la Turquie une excellente occasion de renforcer ses liens avec un pays qui dispose d'un armement de pointe et avec lequel elle pourrait sortir d'une décennie de léthargie diplomatique.