Bien que des divergences majeures subsistent, Le Caire et Ankara se rapprochent après des années d'éloignement

La Turquie et l'Égypte renouent leurs relations par le biais d'un contrat d'armement

PHOTO/AFP - Combinación del Presidente de Turquía y líder del gobernante Partido de la Justicia y el Desarrollo (AK) Recep Tayyip Erdogan y del presidente egipcio Abdel Fattah al-Sisi
PHOTO/AFP - Combinaison du président turc et chef du Parti de la justice et du développement (AK Party) Recep Tayyip Erdogan et du président égyptien Abdel Fattah al-Sisi

La Turquie, du moins depuis l'arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan, a tenté de jouer les équilibristes entre pratiquement tous les pays, souvent sans succès. Maintenir des relations diplomatiques avec l'Égypte tout en se rapprochant des Frères musulmans a été l'une des impossibilités qui ont finalement dynamité toute normalisation avec le Caire. Ces derniers mois, la Turquie a choisi de donner la priorité aux Égyptiens, et les résultats commencent à se faire sentir.

Dix ans plus tard, la Turquie et l'Égypte se rapprochent

En juillet de l'année dernière, Ankara et Le Caire ont normalisé leurs relations diplomatiques au plus haut niveau. Cette annonce a marqué un tournant dans la région, qui avait été bouleversée par le coup d'État du général égyptien Abdel Fatah al-Sisi, il y a tout juste dix ans. Les relations avec la Turquie avaient alors été rompues, mais elles sont aujourd'hui remises sur les rails et, surtout, de plus en plus revitalisées.

AFP/PORTAVOZ DEL MINISTERIO DE EXTERIORES EGIPCIO - Esta foto del folleto publicada por el Ministerio de Relaciones Exteriores de Egipto muestra al ministro de Relaciones Exteriores de Egipto, Sameh Shoukri (izq.), reuniéndose con su homólogo turco, Mevlut Cavusoglu, en Adana, en el centro-sur de Turquía, el 27 de febrero de 2023
AFP/Porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères - Cette photo diffusée par le ministère égyptien des Affaires étrangères montre le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Shoukri (G) rencontrant son homologue turc Mevlut Cavusoglu à Adana, dans le centre-sud de la Turquie, le 27 février 2023.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a annoncé la vente par la Turquie d'avions de combat sans pilote. Et ce, à quelques jours de la visite d'Erdogan au Caire, où il espère approfondir le renforcement des relations dans divers secteurs tels que l'économie, la politique et le social. Toutefois, la réalité est que, malgré l'amélioration significative des relations, il subsiste des différences importantes qu'il n'est pas facile de mettre de côté.

Et c'est précisément l'une des raisons pour lesquelles Erdogan lui-même est en visite au Caire. Il y rencontre son homologue égyptien pour "améliorer les relations entre la Turquie et l'Égypte et revitaliser les mécanismes de coopération bilatérale de haut niveau". Selon les autorités ottomanes, la rencontre aura lieu à l'invitation du président al-Sisi, mettant ainsi fin à plus d'une décennie sans visite du dirigeant turc en Égypte. Bien qu'il ne s'agisse pas de la première rencontre entre Erodgan et al Sisi, qui se sont rencontrés en novembre 2022 à Doha lors de l'inauguration de la Coupe du monde de football, les autorités ottomanes n'en sont pas à leur coup d'essai.

L'évolution des achats d'armes par l'Égypte

Les hommes d'Abdel Fatah al Sisi ont connu des changements majeurs en termes de fournitures d'armes depuis son arrivée au pouvoir en 2013. Tout d'abord, les États-Unis, avec Barack Obama à la Maison Blanche, ont cessé de vendre des armes à l'Égypte, une position qui a été rapidement corrigée et qui a aidé Le Caire à conclure de nouveaux accords avec un grand nombre de pays occidentaux.

L'Égypte a ainsi commencé à établir des relations solides avec de nombreux pays de la région, effectuant même des manœuvres militaires avec des pays du Moyen-Orient. C'est précisément entre 2013 et 2017 que les achats d'armes par l'Égypte ont augmenté de manière significative. Selon les données publiées par l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, l'augmentation a été de 225 %.

L'Égypte a importé pour 34 milliards de dollars d'armes entre 2016 et 2020. Ce volume représente près de 6 % de l'ensemble des importations d'armes dans le monde, la Russie étant le partenaire le plus important. Moscou représentait 41 % de toutes les importations d'armes en Égypte, suivie par la France avec 18 % et, plus loin, les États-Unis avec un peu moins de 9 %.

El secretario de Estado estadounidense Antony Blinken, la secretaria de Estado adjunta para Asuntos de Oriente Próximo, Barbara Leaf , el consejero del Departamento de Estado estadounidense, Derek Chollet, y el embajador estadounidense en Egipto, Herro Mustafa Garg, asisten a una reunión con el presidente egipcio Abdel Fattah al-Sisi durante el viaje de una semana de Blinken destinado a calmar las tensiones en Oriente Próximo, en El Cairo, el 11 de enero de 2024 – PHOTO/EVELYN HOCKSTEIN/POOL/AFP
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken, la secrétaire d'État adjointe pour les affaires du Proche-Orient Barbara Leaf, le conseiller du département d'État américain Derek Chollet et l'ambassadeur américain en Égypte Herro Mustafa Garg assistent à une réunion avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi pendant le voyage d'une semaine de M. Blinken visant à désamorcer les tensions au Moyen-Orient, au Caire, le 11 janvier 2024 - PHOTO/EVELYN HOCKSTEIN/POOL/AFP

Le développement militaire comme priorité

Le gouvernement d'Abdel Fatah al Sisi souhaite augmenter les importations et, parallèlement, la production d'armes. Le général de division Yahya Kadwani, membre du comité de sécurité nationale du parlement égyptien, explique que son pays cherche à développer les capacités de combat de son armée. Cette volonté a un effet positif sur l'amélioration des relations entre les différentes tendances politiques, comme c'est le cas aujourd'hui avec la Turquie.

En décembre dernier, une délégation égyptienne a visité trois entreprises afin d'explorer des pistes de coopération qui ont été confirmées. L'Égypte envisage favorablement la production conjointe de munitions, ainsi que la localisation de certaines technologies de fabrication sur le sol ottoman. Elle voit dans la Turquie une excellente occasion de renforcer ses liens avec un pays qui dispose d'un armement de pointe et avec lequel elle pourrait sortir d'une décennie de léthargie diplomatique.