Négociations menées par le sultan al-Jaber

La COP28 s'enlise sur l'avenir des énergies fossiles

El logotipo de la Conferencia de las Naciones Unidas sobre el Cambio Climático COP28 aparece junto a las banderas de los países participantes en la Expo City de Dubái el 12 de diciembre de 2023 - PHOTO/AFP/GIUSEPPE CACACE
PHOTO/AFP/GIUSEPPE CACACE - Le logo de la conférence des Nations unies sur le changement climatique COP28 apparaît à côté des drapeaux des pays participants à l'Expo City de Dubaï, le 12 décembre 2023

La conférence des Nations unies sur le climat (COP28) est restée dans l'impasse mardi sur l'avenir des combustibles fossiles, la principale pierre d'achoppement empêchant près de 200 pays de parvenir à une déclaration finale.

Les négociations se poursuivaient sur un nouveau projet après l'expiration du délai officiel pour la réunion de Dubaï, la plus importante de l'histoire.

Le projet rejeté propose de "réduire progressivement" l'utilisation du pétrole, du gaz et du charbon d'ici à 2050, et non de "supprimer progressivement" comme le souhaite une grande majorité de pays.

Un petit bloc de nations, emmené par l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, s'oppose à cette formule.

Le texte propose également d'autres mesures, telles que le triplement de l'installation d'énergies renouvelables ou l'élimination des subventions aux combustibles fossiles, mais sous la forme d'un éventail d'options que les pays "pourraient" mettre en œuvre comme ils le souhaitent.

"Ce n'est pas un menu de restaurant. Nous devons faire tout cela", a déclaré à l'AFP le ministre canadien de l'environnement, Steven Guilbeault.

Les négociations sont menées par Sultan al-Jaber, le président de la compagnie pétrolière émiratie.

"Nous aimerions tous terminer à temps, mais nous voulons tous obtenir le résultat le plus ambitieux possible. C'est notre seul objectif", a déclaré à la presse Majid al-Suwaidi, numéro deux de l'ONU.

"Toutes les parties travaillent contre la montre", a déclaré Cassie Flynn, directrice mondiale pour le changement climatique au Programme des Nations unies pour le développement.

"Ce sont les pays du Nord qui exploitent le pétrole dans mon pays, et qu'est-ce qu'ils nous donnent pour que nous renoncions à ces sources d'énergie ?", a demandé la ministre congolaise de l'environnement, Arlette Soudan-Nonault, aux journalistes.

PHOTO/WAM - Sultan al-Jaber
PHOTO/WAM - Sultan al-Jaber

Tout par consensus

Les conférences sur le climat prennent leurs décisions par consensus.

Malgré toutes les promesses, le monde ne cesse d'augmenter ses émissions de gaz à effet de serre et les experts préviennent que d'ici 2030, les engagements de réduction proposés à Dubaï ne représenteront qu'un tiers du sacrifice nécessaire.

La planète a connu l'année la plus chaude jamais enregistrée, selon les climatologues.

"C'est la dernière COP où nous aurons une chance de maintenir [l'objectif de 1,5 °C] en vie", a déclaré John Kerry, l'émissaire américain pour le climat, aux ministres.

Participer à une farce

La COP28 à Dubaï était censée être le grand pas en avant, après que l'accord de Paris de 2015 pour lutter contre le changement climatique a fait le point en septembre.

L'objectif principal de l'accord de Paris est de limiter l'augmentation de la température mondiale à +1,5 °C, idéalement d'ici à 2050.

"Je pense que beaucoup d'entre vous sont opposés à l'idée de participer à une mascarade", a prévenu M. Kerry.

La COP28 avait commencé sur une bonne note, avec l'adoption le 30 novembre d'un fonds de dommages et pertes pour les pays les plus touchés par le changement climatique.

"Nous avons commencé avec de très bonnes nouvelles et nous voulons terminer cette COP en donnant au monde ce dont il a besoin", a déclaré mardi la ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, qui préside le bloc européen.

El presidente de la COP28, Sultan Ahmed Al Jaber (C), preside la ceremonia de apertura de la cumbre climática de las Naciones Unidas COP28 en Dubai el 30 de noviembre de 2023. 
AFP/GIUSEPPE CACACE
AFP/GIUSEPPE CACACE - Le président de la COP28, le sultan Ahmed al-Jaber (C), préside la cérémonie d'ouverture du sommet des Nations unies sur le climat COP28 à Dubaï, le 30 novembre 2023

Mme Ribera et le commissaire européen chargé de l'action pour le climat, Wopke Hoekstra, ont rencontré le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, qui est arrivé à Dubaï pour donner un coup de pouce aux négociations.

"Personnellement, je ne m'engage pas sur un seul mot, mais j'ai la main lourde et j'insiste sur le fait que la formule finale, quelle qu'elle soit, doit être extrêmement ambitieuse", a déclaré à l'AFP le ministre danois Dan Jorgensen, qui était en première ligne des négociations.

La réunion de négociation qui s'est tenue dans la nuit de lundi à mardi a été assez passionnée, selon plusieurs sources présentes.

Mais l'Arabie saoudite, dont le négociateur a gardé le silence devant la presse, est restée ferme sur sa position.

Pour ces pays, l'objectif de +1,5°C peut être atteint sans abandonner complètement les sources d'énergie qui ont été le moteur de la croissance mondiale depuis le début du 20e siècle.