La Turquie prolongue jusqu'en octubre la prospection du naviere Yavuz dans les eaux revendiquées par Chypre

Unilatéralement, sans négociation et sans préavis. C'est ainsi que la Turquie a agi cette semaine encore dans les eaux de la Méditerranée orientale. Les autorités turques nous ont informés mardi que la prospection par le navire Yavuz dans une zone que Chypre prétend être sous sa souveraineté se poursuivra jusqu'au 12 octobre. Le président chypriote Nicos Anastasiades a accusé la Turquie de mener des actions illégales sur son territoire et a demandé à l'Union européenne une protection contre l'expansionnisme turc. Le Yavuz sera accompagné de trois autres navires turcs et un avertissement maritime turc a indiqué qu'il « recommande fortement » à tous les navires de ne pas entrer dans la zone.
Anastasiades a averti mercredi que la Turquie poursuit ses provocations en Méditerranée orientale et a appelé à un retour au dialogue, bien qu'il ait déclaré qu'ils ne le feraient pas sous la menace. Les propos du dirigeant chypriote surviennent une semaine avant un sommet spécial des dirigeants de l'UE, les 24 et 25 septembre, pour discuter de la manière de résoudre la crise entre Chypre et la Turquie.
Lors du discours annuel sur l'état de l'Union, Ursula von der Leyen a déclaré que rien ne justifie les tentatives de la Turquie de harceler ses voisins. Lors du sommet de la semaine prochaine, l'Union européenne a convenu d'établir une position commune à l'égard de la Turquie. De nouvelles sanctions et même un nouvel embargo sur les armes à destination de la Turquie sont sur la table. Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a appelé à la « solidarité » européenne sur cette question. Mitsotakis ressent très fortement la menace posée par la Grèce et a donc annoncé un renforcement de l'équipement des forces armées grecques au plus fort de la pandémie.
Bien que l'Oruç Reis, le navire de recherche maritime turc qui opérait dans les eaux grecques, soit déjà rentré en Turquie et qu'un apaisement du conflit était attendu, la désescalade n'a pas encore eu lieu. Malgré cela, le chef de la politique étrangère de l'Union européenne, Josep Borrell, a déclaré que le retrait de l'Oruç Reis est un pas dans la bonne direction qui pourrait conduire à de nouvelles étapes vers le dialogue.
Le retrait de l'Oruç Reis est lié au nouveau sommet européen qui aura lieu les 24 et 25 septembre, au cours duquel de nouvelles sanctions contre la Turquie pourraient être décidées. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a décidé de retirer son expansionnisme en Méditerranée orientale en vue de la réunion européenne. Malgré cela, le Barbaros Hayrettin Pasa et le Yavuz, des navires turcs de forage et de prospection sismique, continuent d'enquêter sur un secteur maritime sous la juridiction de la République de Chypre.
Lors de sa visite à Athènes mardi, le président du Conseil européen, Charles Michel, s'est prononcé en faveur de la conciliation, évoquant la convocation d'une « conférence multilatérale » à laquelle participeraient différents pays pour tenter de résoudre les problèmes entre la Grèce et la Turquie.
Mitsotakis a déclaré lors de la réunion de mardi qu'il était ouvert à l'idée d'entamer « des pourparlers préliminaires immédiats » à condition que la Turquie retire ses navires et mette fin à ses incursions. Les négociations, a-t-il dit, se limiteront à « la délimitation des zones maritimes » en mer Égée et en Méditerranée orientale. Pour Ankara, ce n'est pas suffisant. Selon lui, les discussions ne peuvent pas se réduire à ce que la Grèce demande et exige la démilitarisation des îles grecques, la redéfinition du plateau continental turc et un nouveau statut pour la minorité turque en Grèce.